Les lycées professionnels devraient subir 3.000 suppressions de postes à la rentrée prochaine. D'après les syndicats, 60% des suppressions de postes dans les collèges lycées touchent les lycées professionnels, alors qu'ils n'accueillent qu'un quart des élèves de lycée. Les syndicats dénoncent une saignée. Reportage à Évry, dans l'Essonne, où deux lycées professionnels sont particulièrement mobilisés.
Mobilisation devant le lycée professionnel Auguste Perret d'Évry © Radio France Célia Quilleret
Le lycée Auguste Perret et le lycée Baudelaire sont deux lycées professionnels peu visibles, au bout d'une impasse, dans un quartier assez calme d'Évry. Mais depuis plus d'un mois, ils sont particulièrement mobilisés contre les suppressions de postes. Les enseignants se relaient chaque jour pour occuper leur lycée, ils ont signé une pétition contre les 10 suppressions de postes à Auguste Perret, 11 en deux ans à Baudelaire, et les élèves tentent d'organiser un blocus devant les grilles, à quelques mètres des voitures de police qui contrôlent la situation. "Aujourd'hui notre classe est un peu agitée mais les profs arrivent à nous centrer, confie Mehdi, en bac pro de maçonnerie, imaginez 24 élèves comme nous, ce sera la jungle", ajoute-t-il.
"On prend le plus à ceux qui ont le moins" - un enseignant
De leur côté, les enseignants ont organisé une marche funèbre dans les rues d'Evry la semaine dernière. Dans l'Essonne, la moitié des lycées professionnels sont mobilisés. "On est dans une situation où on prend le plus à ceux qui ont le moins", regrette Frédéric Moreau, enseignant à Auguste Perret et secrétaire académique adjoint de la CGT Educ'Action dans l'académie de Versailles, "car nos élèves viennent des Tarterêts ou de la Grande borne, ils ont besoin de plus", explique-t-il.
Plusieurs raisons expliquent ces suppressions de postes. D'abord, les lycées professionnels n'échappent pas aux mesures d'économie dans la fonction publique et puis les effectifs diminuent dans les lycées professionnels. En tout, il devrait y avoir 35.000 élèves de moins dans ces lycées à la rentrée en France.
Une année de formation en moins
A Auguste Perret, il y aura 50 élèves de moins sur 440, mais pour les syndicats cela ne justifie pas 10 postes en moins. Et surtout, pour les syndicats, c'est la réforme de l'enseignement professionnel qui est en cause. Depuis la rentrée 2009, le bac pro se passe en trois ans au lieu de quatre.
Pour le ministère le but était de revaloriser cette filière, mais en réalité c'est tout le contraire qui s'est produit d'après les enseignants, car les élèves les moins bons décrochent, et le BEP, le brevet d'enseignement professionnel, n'existe plus pour les élèves qui ne vont pas jusqu'au bac pro. Le BEP a été remplacé par un passeport professionnel.
Des décrochages en hausse
Dans l'académie de Créteil par exemple, le syndicat Snuep qui dépend de la FSU a constaté que le taux de décrochage en fin de première année est passé de 10 à 15% entre 2009 et 2011. Face à cela, les syndicats demandent le rétablissement des postes. Ils sont soutenus par l'association des régions de France. Localement, les enseignants des lycées d'Évry sont soutenus par les élus de gauche et du Modem. Pour eux, ces mesures d'économie à court terme sont suicidaires pour ces quartiers en difficulté où le chômage des jeunes atteint 30%. Le lycée professionnel est souvent la dernière structure où les plus jeunes sont encadrés.