Baccalauréat professionnel « gestion et administration » à la rentrée 2012 : ce que dénonce la CGT.
Pôle FTP du jeudi 8 décembre 2011 Alain Vrignaud
Le CSE (Conseil supérieur de l’Education) a examiné en décembre le décret relatif à la création de ce nouveau baccalauréat professionnel. Le ministère a mené une réflexion sur l’évolution des formations tertiaires de secrétariat et de comptabilité depuis plusieurs années. Cette réflexion est légitime, les sciences et techniques évoluent, la durée de scolarité également, de nouveaux diplômes apparaissent. Avant même la décision ministérielle d’imposer en 2009 le bac pro en 3 ans, la discussion autour des formations de niveaux V de compta/secrétariat était très avancée. Dans ce secteur, la réalité de l’insertion professionnelle a bougé en 30 ans, beaucoup plus que dans d’autres secteurs. Par exemple,le bâtiment est un secteur qui a connu, lui aussi, des évolutions profondes, mais il est, aujourd’hui encore, demandeur de CAP. Tel n’est pas le cas pour les métiers du secrétariat ou de la comptabilité.
La disparition du CAP comptabilité et du CAP de secrétariat a été actée il y a quelques années (en 95 19 % de CAP « aide comptable », plus que 8 % en 2001 pour les formations comptables). Au début des années 80 les jeunes, titulaires d’un BEP comptable, trouvaient du travail dans leur secteur. Qui peut prétendre, aujourd’hui, qu’un élève titulaire d’un BEP compta peut exercer réellement en comptabilité ?
Après la création des baccalauréats professionnels en 1986, les spécialités compta/secrétariat se sont organisées rapidement sur 4 ans : 2 ans de BEP et 2 ans de baccalauréat professionnel … voire 2 ans de baccalauréat technologique. En effet via les premières d’adaptation, avant même la création du bac pro, de nombreux élèves de BEP poursuivaient leur formation en section « G « ou « STT » vers un baccalauréat technologique.
Ce constat aurait pu déboucher sur une proposition de fusion des deux BEP secrétariat et comptabilité, tout en gardant deux baccalauréats professionnels. Cette proposition, à laquelle nous n’étions pas forcément hostiles, n’a jamais abouti car la réforme du baccalauréat en 3 ans a bouleversé complètement les cursus.
Lors de la mise en place du baccalauréat en 3 ans,le ministère s’est contenté de reproduire à l’identique l’existant. Alors qu’il existe des programmes identiques entre les deux classes de seconde, il a maintenu deux diplômes intermédiaires différents. Il n’a pas ouvert la possibilité pour un élève sortant de troisième, sans réelle affirmation de son orientation, de choisir à l’issue de cette classe de seconde entre comptabilité et secrétariat.
Aujourd’hui le ministre impose une fusion complète, ce qui lui permet de gérer les flux importants d’élèves de ces spécialités, en diminuant encore plus les coûts. Cela s’accompagne d’une modification conséquente des programmes de la partie professionnelle. Pour différentes raisons, tous les bacheliers n’auront pas envie de poursuivre leurs études après le bac. Quelle sera la réalité de leur insertion avec une disparition d’une part importante des contenus professionnalisants ?
Nous défendons la nécessité de l’allongement de la durée de la formation pour aller à un niveau plus élevé d’insertion professionnelle. C’est pourquoi,nous dénonçons l’opération qui consiste à gérer les flux du niveau IV sans envisager la réflexion sur le niveau III, principalement le BTS.
Assurer la réussite des élèves de la voie professionnelle en BTS est un enjeu fondamental pour une revalorisation de cette voie. Mais pour le ministère,il est plus simple d’envisager des « BTS pour bacheliers professionnels » qui deviendraient rapidement des « sous-BTS » que de dégager les moyens pour une réelle réussite de ces élèves dans des BTS, réputés plus difficiles, comme celui de comptabilité. On constate, par exemple, en Ile-de-France que les élèves de BTS PME PMI proviennent à 39 % des bacs professionnels, proportion très au-dessus de la proportion de bacheliers pro en BTS comptabilité.
L’arrivée importante d’élèves de la voie pro en BTS ne doit pas aboutir à une baisse de reconnaissance de ce diplôme, ni à sa dépréciation suivant les spécialités. Offrir plus largement de véritables qualifications reconnues, de niveau III, nécessite des moyens pédagogiques conséquents. Il est plus facile pour le gouvernement de réduire d’un an le cursus, de modifier les contenus et les conditions d’obtention (CCF) des diplômes que de permettre une réelle réussite en BTS de tous les élèves qui s’y engagent, y compris ceux de la voie pro.
C’est à partir de ces éléments d’analyse que la CGT s’est prononcée contre le décret supprimant les deux baccalauréats de comptabilité et secrétariat.