Réouverture des écoles : un bilan pas aussi positif
que veut le faire croire le ministre.
Alors que le ministre Blanquer annonce fièrement que plus de 90% des écoles sont ouvertes, la CGT Éduc’cation estime au contraire que la situation n’est pas aussi idyllique. En effet, il omet de préciser que de très nombreux personnels sont retournés travailler sans toutes les garanties sanitaires et pédagogiques pour eux et les élèves. Ces personnels ont ainsi privilégié l’exécution de leurs missions, chose qu’oublie de souligner le ministre.
Le retour des élèves dans les écoles n’est cependant aussi massif qu’espéré par le ministre avec à peine un·e élève sur 6 actuellement accueilli·e dans les écoles, avec de grandes disparités territoriales et sociales selon les zones rouges et vertes, mais aussi entre milieux défavorisés et les autres. Beaucoup de familles restent réticentes à l’idée de laisser leurs enfants reprendre pied dans un milieu scolaire considéré encore comme une zone de confinement et anxiogène au regard des obligations sanitaires à suivre. C’est encore plus vrai chez les familles de « décrocheurs », déjà trop souvent éloignées de l’École. C’est donc sans surprise que les objectifs gouvernementaux de « justice sociale » ne sont pas atteints.
Majoritairement, les personnels ont retrouvé élèves et collègues dans les écoles, mais beaucoup sont encore très inquiets à cause des manques partiels de protections (masques, gel). Ils sont aussi fatigués après deux mois de confinement psychologiquement compliqués à affronter. Il faut aussi ajouter une surcharge de travail due à une incessante obligation d’adaptation des pratiques professionnelles afin de mettre en place la « continuité pédagogique » puis garantir des conditions de retour acceptables dans les classes. La CGT Éduc’action note aussi que les collectivités locales, sous pressions, ont très souvent dû rouvrir leurs écoles alors qu’elles ne pouvaient pas le faire correctement dès le 11 mai, faute de ressources humaines et matérielles suffisantes. Les conditions d’accueil ont donc été plus limitées. Dans ces conditions, les équipes pédagogiques se sont débrouillées seules pour organiser au mieux cette réouverture (organisation des espaces, des emplois du temps des collègues et des élèves, temps de récréations et restauration), et ont été amenées parfois à choisir parmi les élèves « prioritaires » et organiser un roulement des jours de présence, ce qui ne relève pas de leur responsabilité. Cette période a été source d’une nouvelle surcharge de travail et de stress.
À l’heure du premier bilan, la CGT Éduc’action estime qu’il reste de très nombreux aspects à surveiller, dénoncer et parfois combattre : la question de l’ingérence accrue des collectivités dans le fonctionnement de l’Éducation nationale, celle de la chaine de décisions institutionnelle, les pressions hiérarchiques sur les personnels pour la reprise du travail malgré leurs inquiétudes, la question des conditions de travail et la définition du travail en présentiel/distanciel et enfin la préparation du mois de juin et de la rentrée. En effet, pour l’heure, aucune anticipation du retour massif et inéluctable des élèves dans les mois à venir n’est réalisée. C’est inquiétant. À ce sujet, la CGT Éduc’action exige que les personnels, en élémentaire comme en collège ou en lycée, puissent collectivement (en conseil d’école, en CA) organiser les objectifs pédagogiques de cette reprise et choisir librement les notions à privilégier dans les apprentissages d’ici le 4 juillet. Le 3éme trimestre doit être neutralisé pour ne pas pénaliser les élèves et l’épreuve orale de français doit être annulée. La CGT Éduc’action exige un collectif budgétaire immédiat pour recruter des personnels et ainsi réduire les effectifs par classe dès la rentrée.
Ces premières semaines sont malgré tout, pour de nombreux collègues, l’occasion de travailler autrement dans les écoles : effectifs réduits, approches pédagogiques diversifiées et adaptées aux élèves… Et ça les rend heureux. Ce n’est donc pas un hasard si la CGT Éduc’action continue de porter aujourd’hui ses revendications qui placent ces éléments au cœur de son projet pour une École émancipatrice.
Montreuil, le 25 mai 2020
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