Un triste constat, loin de traduire une réalité bien plus inquiétante, beaucoup de ces violences restent bien cachées derrière les rideaux opaques des foyers.
Après les réactions immédiates d’associations chargées des victimes de violences conjugales, et le lancement d’une pétition, le gouvernement a fini par prendre des mesures d’urgence : l’annonce de points d’accompagnement éphémères dans des pharmacies et des centres commerciaux et le déblocage d'un million d'euros pour venir en aide aux associations de terrain.
Comme les appels au 3919 ont baissé, du fait de la difficulté de téléphoner en présence du conjoint violent et d’horaires d’ouverture plus réduites du fait du confinement, l’envoi d’un courriel sera possible via une nouvelle plate-forme : arrêtonslesviolences.gouv.fr, ouverte en permanence.
Avec le confinement, ces violences conjugales et intrafamiliales ont augmenté de plus de 30 % : 32 % de signalements de plus ont été enregistrés par la gendarmerie sur une semaine, et 36 % pour la région parisienne.
Dans ce domaine, les besoins en moyens humains et financiers sont énormes. Un constat fait depuis longtemps par la CGT.
La CGT lutte depuis des années contre toutes les violences sexistes et sexuelles au travail ou hors travail. Il convient d’interpeller tous les employeurs, dans les branches et les entreprises, sur leurs responsabilités, de leur rappeler qu’en cas de violences survenues au domicile, pendant le télétravail, l’employeur a la responsabilité d’assurer la sécurité de ses salarié·e·s et d’exiger des mesures concrètes et immédiates :
- les employeurs, notamment ceux qui ont recours au télétravail, au chômage partiel, doivent fournir sur leur réseau internet ou intranet toutes les informations disponibles, ainsi que la procédure mise en place au niveau de l’entreprise ;
- en cas d’urgence, les employeurs doivent pouvoir jouer un rôle de relais, en mettant en place une procédure d’intervention. Les référent·e·s violence RH et CSE doivent pouvoir jouer ce rôle de relais ;
- si la salariée est en télétravail, ce sont les mêmes obligations qui s’appliquent que si les violences avaient lieu au travail : l’employeur est tenu de prendre immédiatement toutes les mesures pour faire cesser les violences et protéger la salariée ;
- le CSE, les CSSCT/CHSCT ou les représentant·e·s du personnel doivent également communiquer, par courriel, auprès de tou·te·s les salarié·e·s sur les mesures face aux violences conjugales ou intrafamiliales ;
- des moyens téléphoniques notamment doivent être débloqués pour la ou le référent·e violence du CSE, qui doit être joignable par tou·te·s les salarié·e·s ;
- La ou le référent·e violences – quand elle ou il existe – doit veiller à ce que les salariées qui avaient signalé des violences conjugales avant le Covid-19 soient contactées et qu’un accompagnement soit mis en place en urgence ;
- lorsque l’entreprise a un parc de logement, des chambres doivent être immédiatement mises à disposition des salariées victimes de violences ;
- un dispositif d’avance sur salaire et de droits à absences rémunérées doit être automatiquement mis en place dès que des violences sont signalées ;
- quelque soit le contrat des salarié·e·s qui signalent des violences (CDI, CDD, intérim, apprentissage…), elles doivent être protégées contre le licenciement ;
- il convient de s’assurer que malgré le confinement et le télétravail d’une partie des salarié·e·s, ces salariées pourront bien dénoncer les violences subies et qu’elles seront bien protégées. Les référent·e·s RH et CSE doivent être joignables !
Nous, syndiqué·e·s, nous resterons quoi qu’il arrive en contact avec les travailleur·se·s. Nous organisons d’ores et déjà des réunions téléphonées avec nos syndicats pour briser l’isolement et augmenter le rapport de force pour obtenir ces revendications.
- En moyenne, au cours d’une année, 219 000 femmes déclarent subir des violences physiques et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel mari, concubin, pacsé ou petit-ami. Ce chiffre ne couvre pas l’ensemble des violences au sein du couple puisqu’il ne rend pas compte des violences verbales, psychologiques, économiques ou administratives. On estime en France à près de 4 millions le nombre d’enfants témoins de violences conjugales.
- 14 % des Français·e·s disent avoir été victimes de maltraitance dans leur enfance.
Pour avoir de l’aide : appeler le 3919 (de 9 heures à 19 heures sauf le dimanche)
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Si vous êtes témoins ou en cas de danger immédiat : appeler le 17 police secours
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Pour les enfants : appeler le 119 (24h/24)
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Consulter la plate-forme : arretonslesviolences.gouv.fr
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